Le jeu dont vous êtes le conseil d’administration

Il est une étape de la vie des sociétés qui est toujours difficile à négocier,  c’est celle où des fondateurs passionnés laissent la place à des gestionnaires, moins rock n’roll mais en principe plus efficaces.

Dans la série d’articles consacrés aux pitches imaginaires, je vous présente régulièrement des pitches d’entrepreneurs ; ici je vais varier les points de vue et vous présenter des pitch de CEO.

J’ai demandé à Ken de poursuivre l’histoire de la société TSR dans laquelle il avait finalement investi (cf épisode précédent). A vous de décider si vous auriez fait confiance au candidat CEO pressenti.

Ken se souvient :

« La société TSR a été la pionnière de l’industrie du jeu de rôle en publiant le célèbre Donjon et Dragon, et les dix premières années ont été celles des pionniers défrichant un domaine nouveau. Ma position d’arbitre dans le capital était tout ce qu’il y a de plus confortable et mes dividendes s’accumulaient doucement mais sûrement…

J’aurais dû commencer à regarder de plus près la gestion de l’équipe en place. Quand je me suis réveillé, il était déjà très tard et Gary Gygax et Kevin Blume, les deux associés fondateurs  étaient au bord du pugilat, le premier reprochant au second sa gestion hasardeuse. Un trou béant de 1 million et demi de dollars menaçait d’engloutir la société. C’était consternant mais rattrapable avec un véritable gestionnaire aux manettes. Parmi nos candidats, figurait Lorraine Williams, femme d’affaire énergique et détentrice des droits de Buck Rogers. »

Ecoutons le pitch qu’elle alors fit aux associés.

« Je vous remercie d’avoir pensé à moi. J’ai étudié votre dossier avec attention et je pense être en mesure de sauver la société.

Cela ne sera cependant possible que si vous me laissez agir avec rapidité et détermination.

Je propose de réduire les effectifs de 75 % pour commencer.

Ensuite, je compte insuffler un nouvel état d’esprit, plus professionnel. Mon mot d’ordre est clair : fini de jouer !

On joue trop ici, ca n’est pas sérieux : je vais interdire aux employés de pratiquer des jeux de rôle  dans la société. Est-ce que les fabricants de cigarettes fument ? Sûrement pas.

Dès que l’esprit de sérieux règnera dans cette maison, nous allons pouvoir passer à l’offensive et nous déployer vers de nouveaux produits : j’imagine des magazines et des romans issus de l’univers des jeux.

Nous adapterons aussi des licences fortes comme « Buck Rogers ».

Nommez moi, et je ferais de cette compagnie criblée de dette une affaire rentable à 1 millions de $ de résultat annuel. «

D’après Ken, on entendait les mouches voler après ce discours martial…

Et vous ? Si vous aviez été au conseil d’administration, auriez vous embauché Lorraine ?

Réponse a : Bien évidemment, il est un temps où les pionniers passionnés du début doivent laisser la place à de vrais gestionnaires professionnels. C’est ce qui fait la différence entre une start-up et une PME prospère.

Réponse b : Bien sûr que non ! Confier un business de passionnés à une gestionnaire qui n’y comprend rien ? Elle va nous mettre à dos tous nos clients !

Courrez vite ici voir ce qu’est devenue la société TSR entre les mains de Lorraine.

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