Entreprendre après un parcours associatif

J’ai toujours vu des entrepreneurs ayant eu un long parcours associatif avant de se lancer dans la création d’une entreprise. J’ai aussi l’impression que le mouvement s’amplifie et que ce cas est de plus en plus fréquent. Que ce soit la volonté de se sortir « de la crise », ou parce que les financements publiques se font plus rares, ou encore parce que l’entrepreneur a atteint les limites de son action associative (ou qu’il en a fait le tour), les raisons sont nombreuses et variées.

Globalement, ils ne s’en sortent pas trop mal.

Pourtant, le passage d’une expérience associative à une expérience de création d’entreprises n’est pas si évident que ça, et j’ai décidé de partager ici mes impressions.

Tout d’abord, il y a association et association.

Avoir fondé une association fonctionnant uniquement avec des bénévoles et financée par des subventions ou des dons est une première étape.

La seconde étape est celle de l’association « hybride » : Le besoin de s’organiser pour être plus efficaces conduit à mêler bénévoles et salariés. Le besoin de financement a obligé l’association à diversifier ses revenus, soit en mettant un pied dans la vente de produits et services, soit en recherchant des fondations ou des sponsors dans le monde de l’entreprise.

Après cette troisième étape, les entrepreneurs associatifs commencent parfois à envisager de plus en plus sérieusement de créer une entreprise, jusqu’à ce qu’ils finissent par se lancer, ou par créer une association plus ambitieuse.

Les forces de l’entrepreneur associatif.

A partir du stade de l’association hybride, l’entrepreneur associatif a pu développer des compétences essentielles :

–          Il a appris à vendre ses idées (à ses différents financeurs)

–          Il a appris des bases de gestion et de pilotage d’activité (certains financeurs sont très tatillons)

–          Il a pu gérer des équipes mixtes de bénévoles et de salariés (c’est assez délicat pour être très formateur)

–          Il sait que c’est sur le terrain que les choses se jouent.

–          Il a pu se faire un carnet d’adresse important, au-delà du champ associatif.

Les faiblesses de l’entrepreneur associatif.

Chacun est différent, et les remarques qui suivent n’ont aucune prétention à l’universalité. Elles correspondent juste à des comportements réels rencontrés régulièrement chez les jeunes entrepreneurs associatifs.

L’offre de valeur et sa cible : l’entrepreneur associatif a des valeurs, et d’ailleurs son projet cherche souvent à être « bon pour la société ». Parfois cependant, il  n’a pas complètement intégré que le client final est un client, et non pas un bénéficiaire, ni un usagé, ni la planète ou la société en général…

Souvent l’offre de valeur ressemble à du 3 en 1, avec pour un effet banal pour le client final, deux effets kisskools collatéraux excellents pour la société. Il est rarement vérifié que le client est intéressé par les effets kisskools, et le message s’en retrouve confus. « Est-ce que j’achète un produit naturel issu de l’agriculture biologique et des circuits du commerce équitable, ou une lessive pour mon pantalon ? ».

Quand les problématiques sont écologiques ou équitables, souvent les contacts avec les producteurs et fournisseurs sont très poussés et la réflexion sur l’offre plus légère. Il y a heureusement suffisamment de contre-exemples pour ne pas désespérer, mais j’encourage le futur créateur à penser son offre le plus simplement possible et à aller confronter ses idées auprès de ses futurs clients.

La création de valeur : Les modèles économiques que je vois passer ont trop souvent un gros problème de création de valeur : on produit pour cher et on vend pour pas cher. Dans le pire des cas, l’activité est équilibrée par des aides et des subventions. Une activité qui est ainsi équilibrée n’est intéressante que si les externalités positives de cette activité sont évidentes ET permettent d’afficher l’activité comme nettement productrice de valeur si elles sont prises en compte.

Si vous êtes entrepreneur de l’économie sociale et solidaire, La question de la mesure de ces externalités se pose donc de manière aigüe.

Le choix du type de société :Les créateurs d’entreprises issus de monde associatif auront souvent plus tendance que les autres à aller vers les sociétés coopératives, voir des formes plus originales encore (scic).

Deux choses sont cependant sous estimées lors de ce choix : la facilité de financer son développement et les questions de gouvernance.

Le principe « une personne, une voix » de la scop ne garantit  pas que les associés vont avoir des rapports plus fluides et productifs que dans une société non scop. Les gens étant les gens, il faudra donc beaucoup discuter et formaliser des règles de fonctionnement.

Les projets qui ont une dimension « économie sociale et solidaire » ne sont absolument pas démunis en matière d’aides et de possibilités de financement, mais sachez que certains choix vous ferment des portes : bon courage par exemple pour attirer un business angel dans une scop (la répartition du profit étant « contrainte » pour ce type de société).

Pour conclure, je dirais que le monde associatif est une bonne école pour la future création d’une entreprise, mais qu’il y aura quelques réflexes nouveaux à acquérir.

 

 

 

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Un commentaire sur “Entreprendre après un parcours associatif
  1. avatar Stef dit :

    J’adore le dessin en en-tête…
    Pour ma part j’ai surtout vu le schéma en sens inverse: l’entrepreneur qui s’investit dans une ou plusieurs associations, histoire de se faire connaître un peu plus et d’agrandir sa notoriété locale et par la même occasion, son carnet d’adresses.

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