Business Plan : l’interview exclusive

A l’occasion du prochain salon de la micro entreprise, Ninjentrepreneur est allé interviewer une grande icône de la création d’entreprise : le Business plan.

J’étais un peu tendu quand l’agent du Business Plan m’a dit « c’est à vous, il ne peut vous accorder que 10 minutes ». Ce n’est pas tout les jours que l’on a l’occasion d’interviewer une telle icône. Le Business Plan n’a pas la réputation d’être facile à interroger, il est réputé imbu de sa personne, un peu intimidant, et parfois un peu mythomane.  Mais j’étais confiant car j’avais bien préparé cette rencontre.

Ninjentrepreneur : C’est une longue carrière que la vôtre, quel regard portez-vous sur votre parcours ?

Business-Plan : Vous savez, la consécration n’est pas venue toute seule, si il y a aujourd’hui plusieurs millions de sites consacrés aux plans d’affaire dans le monde, c’est quand même suite à 35 ans d’efforts soutenus, relayés par les écoles de commerce . Rome ne s’est pas bâtie en un jour. J’ai surtout la très grande satisfaction d’avoir pu aider tous ces entrepreneurs à faire aboutir leurs projets en les aidant à le formaliser.

Nj : Pensez-vous que votre milieu de naissance ait  influencé votre réussite ?

BP : C’est incontestable, mes parents étaient, comme vous le savez bien, banquiers et ils m’ont appris cette rigueur intellectuelle et procédurale qui m’a permis de m’imposer.

Aujourd’hui, un plan d’affaire c’est :

  1. Un résumé du plan de développement
  2. La genèse et le contexte du projet
  3. L’équipe et encadrement
  4. L’analyse du marché
  5. Les produit et services offerts
  6. La stratégie marketing et commerciale
  7. Les moyens et l’organisation
  8. Le dossier financier (avec projections découpées par années, voire par trimestres)

C’est à mes parents que je dois cette merveilleuse et efficace structuration.

Nj : C’était aussi une autre époque, les choses étaient-elles plus faciles alors ?

BP : Absolument pas jeune homme ! C’était la crise, le choc pétrolier, les temps étaient durs pour les entrepreneurs, pleins d’incertitudes. J’ai tout de suite compris que j’avais là une opportunité à saisir : remettre du prévisible dans un monde incertain.

J’ai aussi permis aux entrepreneurs de défendre des projets nouveaux pour l’époque, mal compris des fournisseurs, comme des développements de logiciels.

Nj A propos d’incertitude et de nouvelles technologies, certains vous reprochent de ne pas avoir pu empêcher la bulle internet des années 2000.

BP : cette critique est tout à fait infondée ! J’ai proposé une démarche sérieuse ! Si certains ont imaginé qu’il ne s’agissait que d’un exercice de style, ils en ont été pour leurs frais …

Cette bulle a au contraire été l’occasion pour les professionnels sérieux, je veux parler des investisseurs et des banquiers de se recentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire l’analyse des chiffres.

Nj : Que répondez-vous à vos détracteurs qui suggèrent que vous avez justement une trop grande connivence avec les banquiers ?

BP : Vous voulez parler de ce brigand de Claude Ananou ? Que des aventuriers tels que lui prétendent enseigner la création d’entreprise, (à Hec Montréal en plus) me sidère !

Cette idée qu’il faut être sur le terrain et provoquer la chance est dangereuse.  Les professionnels sérieux,  comme Robert Papin, qui est quand même, jeune homme, le pape de la création d’entreprise, insistent au contraire sur mon rôle et recommandent même à tous les créateurs d’élaborer un tel dossier avant d’en avoir besoin, pendant qu’ils ne sont pas encore trop bousculés par leur activité.

Nj : Certaines études ont remis en cause votre utilité même, comment vivez-vous cette situation ?

Bp : Effectivement ,  dans son livre « the origin and evolution of new businesses » Amar Bhidé indique qu’il n’a  constaté aucune corrélation entre le fait d’avoir écrit un business plan et la réussite d’une entreprise. Je ferais remarquer qu’il n’a pas non plus démontré le contraire, et que la plupart des sart ups qui ont levé des fonds l’ont fait grâce à moi : je fais tout les jours la preuve de mon efficacité par les résultats en quelque sorte …

L’agent du business Plan m’a ici signifié que notre entretien venait de toucher à sa fin, un peu avant la fin du temps qui m’était imparti, mais j’avais été prévenu : « Avec Bp, évitez les questions polémiques, il n’apprécie pas du tout ! »

Faire un business plan vous intéresse ?

Voici quelques bonnes adresses :

Qu’en disent les investisseurs 

Le guide du business Plan « sans bullshit »

Et évidemment l’APCE

Un peu de lecture ?

Ananou procureur au procès du business plan

L’excellent (mais en anglais) livre de Bhidé: The Origin and Evolution of New Businesses

Le « papin »: La création d’entreprise – 14ème édition – Création, reprise, développement

 

 

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6 commentaires sur “Business Plan : l’interview exclusive
  1. avatar Sylvain Gendrot dit :

    J’ai eu une d’idée pour un autre « entretien »:
    l’étude de marché !!

    Je lis assez souvent qu’il ne faut pas faire d’étude de marché, beaucoup de monde imagine l’étude de marché comme s’il fallait mesurer la taille du marché, payer un cabinet d’expert une fortune, etc etc …. et comme le BP, c’est HasBeen !!

    Mais en même temps, comment éviter de vendre un radiateur à un saoudien, ou un frigo à un eskimo sans faire d’étude de marché !!

  2. avatar Stef dit :

    Merci pour l’interview, à la fois ludique et pratique.
    L’humour de l’article est fidèle au site et ça change !
    Dans un autre ton, j’ai pour ma part réalisé l’interview d’un expert en financement d’entreprise, Monsieur Fésonboulo.

  3. avatar Sylvain Gendrot dit :

    J’adore le ton pour parler du BP 😀
    ça change et c’est bien fait
    Well done !

    • avatar admin dit :

      Merci pour cet encouragement,
      si vous avez des suggestions pour d’autres interview (je veux dire ‘entretiens’, c’est vrai que je suis lu au Canada maintenant), n’hésitez pas à me les communiquer.

  4. avatar Ananou dit :

    Bonjour Thomas,
    Pour ceux qui voudraient suivre un « brigand » de grand chemin, nous publierons, en octobre, aux éditions Eyrolles un livre sur l’alternative au business plan (comme vous dites en France). 320 pages de bonheur et de liberté pour sortir de la tyrannie du BP.

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